Selon une étude du cabinet Oxford Economics, plus de 8% des emplois industriels dans le monde seraient mis en péril par la robotisation. Certaines régions seraient plus touchées que d’autres en France.
Seront-nous bientôt relégués à la maison pendant que des robots s’affaireront au travail ? Si nous n’en sommes pas encore là, la robotisation est en marche et pourrait faire ses premières victimes. En attendant Wall-E, ce sont 20 millions d’emplois industriels qui seraient menacés par sa montée en puissance à l’horizon 2030, soit 8,5% des postes dans ce secteur.
Chaque robot industriel coûterait, en moyenne, 1,6 emploi dans le monde, assure une étude du cabinet d’études britannique Oxford Economics, qui note que « le stock mondial de robots industriels a plus que doublé » depuis 2010.
En France, les premiers touchés pourraient être… les Francs-Comtois. La robotisation ne sera pas ressentie de la même manière dans l’ensemble de l’Hexagone : le taux de robotisation « relativement faible » de la région indique « de nombreux niveaux d’automatisation à venir », estime l’institut qui a détaillé, région par région, ses conséquences. Les territoires les plus vulnérables, souvent ruraux, sont ceux où les emplois sont les moins bien rémunérés et où l’industrie occupe une place prépondérante dans l’économie locale. La Picardie, le Limousin, l’Auvergne ou l’ex-Basse-Normandie sont aussi concernées.
« En moyenne, à l’intérieur d’un même pays, un nouveau robot déplace près de deux fois plus d’emplois dans les régions à faible revenu que dans les régions où les salaires sont plus élevés. À une époque où les inégalités économiques croissantes et la polarisation politique suscitent des inquiétudes dans le monde, ces observations ont des implications sociales et politiques importantes », prévient le cabinet britannique, qui veut proposer « un système d’alerte » pour aider la classe politique « à atténuer les risques d’automatisation de l’emploi ».
En revanche, certains s’en sortent mieux que d’autres. L’Île-de-France en tête. La région est « moins dépendante des emplois manufacturiers et son activité manufacturière est hautement productive et la plus robotisée du pays […]. Cela signifie que d’importants niveaux d’automatisation ont déjà été entrepris », souligne Oxford Economics, qui cite également les régions occitanes et l’ex-Rhône-Alpes. « Ces régions abritent des entreprises de haute technologie, dans des villes telles que Toulouse et Grenoble, et bénéficient d’une main-d’œuvre qualifiée et prête pour l’avenir », ajoute l’étude.
Il ne faut pas non plus céder à la panique. Une destruction mondiale et définitive de l’emploi par les robots ne semble pas à l’ordre du jour. La vague actuelle de robotisation tendrait même à stimuler la productivité et la croissance économique, « générant de nouvelles opportunités d’emploi à un rythme comparable à celui de la destruction d’emplois ». Selon les estimations d’Oxford Economics, une hausse de 1% du stock de robots par travailleur dans le secteur manufacturier représenterait une progression de 0,1% de la production par travailleur. Moins de travail, mais mieux valorisé.
« À mesure que le rythme de l’adoption de la robotique s’accélère, les décideurs politiques seront confrontés à un dilemme : si les robots permettent la croissance, ils aggravent l’inégalité des revenus. L’automatisation continuera de favoriser la polarisation régionale dans de nombreuses économies avancées du monde, en répartissant de manière inégale les avantages et les coûts sur la population. Cette tendance s’intensifiera à mesure que l’impact de l’automatisation sur les emplois s’étendra du secteur manufacturier au secteur des services », prévient néanmoins l’institut britannique.
On rappellera que la France est classée 18ème mondial en terme de densité robotique avec 132 robots pour 10 000 ouvriers contre 631 pour la Corée du Sud et 309 pour l’Allemagne.